VIOLENCES URBAINES. --Un Palois de 23 ans condamné à deux mois de prison pour avoir envoyé des projectiles et outragé les forces de police, quartier Saragosse
«On b? vos femmes et vos filles, nique la police, allez vous faire f? » S'ensuivent des projectiles et des jets de bouteilles, qui atterrissent sur un véhicule banalisé. Telles sont les amabilités reçues par les policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de Pau, lorsqu'ils arrivent à proximité de la tour Isabe, rue Jules-Verne, mardi soir, racontées par le président du tribunal correctionnel hier. Ce soir-là, relate le magistrat, vers 22 h 20, les policiers patrouillent dans le quartier Saragosse alors qu'une heure plus tôt les CRS, eux aussi présents dans le cadre d'une campagne de sécurisation, s'étaient faits accueillir par des jets de pierres.
Les lanceurs, la plupart encapuchés ou la tête couverte d'une casquette, ont pris place dans les cages d'escaliers de l'immeuble, entre le sixième et le septième étage, dans les parties communes qui n'ont pas de fenêtres et qui constituent des planques idéales pour tirer. Les trois fonctionnaires de la BAC stoppent et éclairent la façade avec une torche puissante. L'un des agresseurs est formellement identifié par un policier. Un autre sera également reconnu quelques instants plus tard au pied de l'immeuble.
Le lendemain, les CRS font à nouveau l'objet de tirs. Plus tard, une perquisition dans les locaux de l'immeuble permet de découvrir un stock de gravats, avec des blocs de béton pesant entre 7 et 15 kg.
Interpellation le lendemain. Mercredi à 10 h 15, le premier homme est arrêté sur son lieu de travail à Pau. Il est placé en garde à vue, mais nie les faits. Il était convoqué hier devant le tribunal correctionnel dans le cadre de la comparution immédiate.
Âgé de 23 ans et habitant Pau, il possède un casier judiciaire déjà chargé : neuf condamnations dont quatre mises à l'épreuve. De quoi énerver le président du tribunal, Alain Bressy, également juge d'application des peines. « Vous avez une drôle de façon de vous réinsérer ! Vous êtes attiré comme un aimant vers cette rue Jules-Verne ! » Le prévenu avait effectivement indiqué au cours de son audition qu'il rejoignait tous les soirs des amis rue Jules-Verne. Il ne reconnaît cependant pas avoir participé au caillassage, ayant comme alibi un dîner chez sa mère avec sa petite amie. Il est ensuite parti à pied. « Ma mère m'a récupéré en face de la tour ». La version de sa petite amie diffère, ce que ne manque pas de relever le juge, mais aussi le procureur de la République. Cette dernière perd patience : « Ces faits stigmatisent le quartier. Ils créent des zones de non-droit où les policiers se ramassent des cailloux. C'est inadmissible. Vous ne faites pas grand cas des avertissements que l'on vous donne, Monsieur ! »
«Peine plancher évitée». Le tribunal a condamné le jeune homme à deux mois de prison ferme pour dégradations et outrages avec mandat de dépôt. Il a donc passé la nuit en prison, en évitant de peu la peine plancher. « C'est une fleur, Monsieur, mais cette fleur est proche de se faner », a conclu le juge Bressy. La personnalité du Palois avait été rapidement décrite et notamment son enfance, chez un père toxicomane, mort d'une hépatite liée à la drogue.
L'affaire aura son deuxième volet abordé aujourd'hui. Le deuxième homme, âgé de 19 ans, arrêté hier à 14 h 30, lui aussi identifié par les policiers, a été placé en garde à vue au commissariat de Pau.
source : Sud Ouest (25 avril 2008)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire