Lundi soir, un équipage de la brigade anti-criminalité qui intervenait suite à un cambriolage, a été pris à partie alors qu'il interpellait des suspects. Les fonctionnaires ont été roués de coups au milieu d'une cinquantaine de personnes.
Une simple intervention de police aurait pu très mal se terminer lundi soir au coeur de la cité Diaz, quartier du Moyen-Vernet à Perpignan. Ce soir-là, vers 20 h 30, un équipage, composé de trois fonctionnaires dont une femme, de la BAC (brigade anti-criminalité) du commissariat de Perpignan, avait été appelé à se rendre aux HLM où, selon le message, un cambriolage était en train d'être commis dans le local technique du bâtiment D. Dépêchés sur place, les policiers procédaient aux prélèvements et aux constatations d'usage, confirmant en effet qu'un cambriolage avait été commis, relevant des traces d'effraction sur la porte du local et la présence de matériels divers qui jonchaient le sol. Une fois leur mission terminée, ils s'apprêtaient à repartir, quand ils ont été intrigués par le comportement de trois jeunes gens à proximité et se sont approchés afin de les contrôler.
Mais le temps des vérifications, une jeune femme fait irruption au volant de sa voiture et la stationne derrière le véhicule de police afin de lui bloquer volontairement le passage. Un des policiers se déplace jusqu'à sa hauteur, parlemente avec la conductrice et lui demande de libérer l'accès. Elle refuse. Il réclame ses papiers. Elle campe sur ses positions. Il la somme de bouger sa voiture. Elle refuse encore d'obtempérer. Et le ton monte...La conductrice pousse des cris, se rebelle au point que l'équipage envisage de l'arrêter. Mais, un des suspects contrôlés, qui serait son petit ami, arrive pour se mêler de l'affaire. Au vu de son comportement agressif, les policiers décident de l'interpeller lui aussi. Il se rebiffe.
Insultes, coups... Entre temps, un attroupement de curieux s'est formé autour des forces de l'ordre, encore grossi par plusieurs dizaines d'habitants descendus des immeubles de la cité pour voir ce qui se passe ou, pour certains, voler à la rescousse des rebelles. En quelques minutes, les policiers sont cernés par une cinquantaine de personnes. Les plus mal intentionnés en profitent. La situation dégénère. Les insultes fusent. Puis les coups... Les suspects sautent sur l'occasion pour résister aux fonctionnaires, les bousculer et les frapper.
Afin de ne pas envenimer le climat très tendu, ces derniers décident de relâcher les jeunes, de s'extraire de la bagarre sans violence tandis que d'autres équipes prennent le relais pour s'assurer que la foule se disperse et maintenir une surveillance toute la nuit. Les trois policiers opèrent un repli sur le commissariat. Tous blessés , souffrant de contusions ou d'entorses notamment aux mains, aux poignets et aux bras mais aussi, pour la jeune policière, au niveau du nez et sur tout le corps. "Ils se sont vus prescrire une ITT de 8 jours chacun et ont déposé plainte", a précisé le procureur de la République Bruno Albouy.
"Ils ont bien apprécié la situation. Ce n'est pas à chaud que l'on règle les problèmes et que l'on donne une réponse judiciaire. Parfois, il faut attendre. Ils sont restés stoïques", ajoute Pierre Bruel, adjoint du directeur départemental de la sécurité publique. " Il n'y a pas de zone de non droit. On ne peut pas accepter ces méthodes de barbares, que des groupes fassent pressions sur des fonctionnaires pour s'opposer à leur intervention. On se fera beau jeu de rappeler que les auteurs de ces faits sont de toute façon interpellés. Et c'est le cas ici. " Deux des suspects ont finalement été arrêtés dès mardi soir. La conductrice a aussi été identifiée et convoquée. Elle s'est présentée hier d'elle-même. Tous trois âgés d'une vingtaine d'années, ils ont été placés en garde à vue. Ils seront déférés ce matin à l'issue de leur audition et devraient dans la foulée être jugés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Perpignan.
source : L'Indépendant (12 août 2010)
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