Laid Chakrit a-t-il délibérément foncé, au guidon d’une moto, sur un gardien de la paix le 2 juillet 2008 ? C’est la question qui a fait débat, hier après-midi, au tribunal correctionnel de Grenoble.
Le jeune homme de 25 ans comparaissait pour avoir renversé un policier devant le stade nautique d’Échirolles. Ce 2 juillet 2008, alors qu’ils patrouillaient dans le secteur, quatre policiers, dans une voiture banalisée, avaient repéré une moto Yamaha R1 connue pour échapper régulièrement aux contrôles. Arrivé devant la piscine échirolloise, le conducteur de la moto, Laid Chakrit, avait coupé le contact et ôté son casque. À ce moment-là, les policiers s’étaient approchés pour le contrôler. Laid Chakrit avait alors remis son casque, démarré le deux-roues et accéléré. Un gardien de la paix avait été percuté par le véhicule qui lui était ensuite tombé dessus. Le motard avait été interpellé par les autres policiers. Le fonctionnaire blessé avait été hospitalisé pendant une semaine. Une fracture de la colonne vertébrale et un tassement du rachis dorsal avaient été diagnostiqués. Il avait dû porter un corset pendant deux mois. «Je n’ai en aucun cas voulu blesser qui que ce soit», a expliqué, à la barre, Laid Chakrit qui, au moment de son interpellation, avait refusé de se soumettre au dépistage de stupéfiants, «parce que j’avais peur de croiser quelqu’un de ma famille à l’hôpital entouré de policiers».
«À la limite, il voulait fuir; mais pas frapper, pas blesser»
«Je croyais que c’était une agression», a ajouté le jeune homme pour expliquer sa tentative de fuite. «À aucun moment je n’ai vu une carte de police», a également précisé le prévenu. «De toute façon, policier ou pas, on ne fonce pas sur quelqu’un», a répondu, dans son réquisitoire, le représentant du ministère public qui a rappelé au tribunal les précédentes condamnations de Laid Chakrit. Me Gallo, l’avocat du prévenu, a pointé «l’ironie accablante, vexante et blessante du ministère public». Et le conseil de Laid Chakrit d’interroger en désignant son client: «C’est quoi le mobile ? C’est quoi le motif ? Qu’il n’a pas voulu se faire interpeller». Me Gallo a donc cherché à prouver que Laid Chakrit n’a pas cherché délibérément à foncer sur le policier. «À la limite, il voulait fuir; mais pas frapper, pas blesser.» Le tribunal a condamné Laid Chakrit à 18 mois de prison, l’annulation de son permis de conduire et l’interdiction de se présenter à un examen de conduite pendant deux ans.
source : Le Dauphiné Libéré (06 octobre 2010)
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