«Ce dossier s'inscrit dans un contexte national particulier, où les violences contre les policiers sont de plus en plus fréquentes », commence Me Karine Alexandre, l'avocate des policiers. Pire, on a ici « un cas d'inhumanité totale ».
Le 3 janvier 2007 à Vernon, une brigade de la police nationale opère un contrôle d'identité sur Mohamed Tichattibin. Devant son refus de présenter ses papiers, les fonctionnaires décident de l'emmener au commissariat pour vérification d'identité. Selon son avocate, « il a joué au con. Il s'est dit qu'il n'avait rien à se reprocher, donc qu'il ne donnerait pas ses papiers ». Du coup, le jeune résiste et il appelle à l'aide.
Plusieurs jours dans le coma
Des « renforts » arrivent et, peu de temps après, les forces de l'ordre commencent à se faire caillasser. Une pluie de pierres qui ne s'arrête pas, même lorsqu'un policier est grièvement blessé à la tête. Les forces de l'ordre parviennent à se dégager au bout de vingt minutes.
Mercredi, Mohammed Tichattibin s'est retrouvé devant le tribunal d'Evreux, accusé de rébellion et provocation à la rébellion. A ses côtés, Mahamadou Niakate, accusé lui, de violences sur personnes titulaires de l'autorité. Les policiers en tremblent encore. « Après un tel événement, on se demande si on va continuer ce métier », dit l'un d'eux. Témoignage plus poignant encore, celui du policier blessé à la tête par une pierre. Resté plusieurs jours dans le coma, il garde des séquelles comportementales et neurologiques importantes. « J'ai perdu le goût et l'odorat. Je ne respecte plus le code de déontologie car il peut m'arriver d'insulter le public. » Il a été muté dans un service informatique.
Mahamadou Niakate reconnaît avoir donné un coup de poing à un policier, mais jure être parti aussitôt après. Les pierres, ce n'est pas lui. Son avocat insiste. « Malgré sa présence, rien ne prouve qu'il ait envoyé des pierres et blessé des policiers. »
Le ministère public est d'un autre avis. « Tout au long de la procédure, il a élaboré des alibis pour prouver qu'il n'était pas sur les lieux. Or aujourd'hui, il avoue avoir frappé un policier. Pourquoi n'aurait-il pas lancé des pierres ?». La procureure requiert à son encontre quatre années de prison dont une avec sursis. Pour Mohammed Tichattibin, elle demande six mois avec sursis car « c'est celui par qui tout est arrivé ». Malgré leurs excuses, les jeunes sont condamnés, respectivement à six mois de prison avec sursis pour Mohammed Tichattibin et cinq ans dont deux avec sursis pour Mahamadou Niakate.
source : Paris Normandie (25 juillet 2008)
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