Dans son pull marron à col en « V », arborant une barbichette, voici Jean-Claude Libert, 25 ans. Cet habitant de Montigny-en-Gohelle était jugé mercredi à Béthune pour avoir blessé une policière avec sa voiture et failli en renverser un autre à l'aube du dimanche 8 mai, route de Lille à Loison-sous-Lens.
Après cela, l'homme avait fui dans sa Peugeot 306, prenant à contresens des ronds-points, brûlant des feux et des stops. Et tout cela alors qu'il était en état d'ivresse. L'homme devait être jugé en comparution immédiate le 9 mai. Il avait demandé un report pour préparer sa défense. Il était depuis lors en détention provisoire.
Le juge Guillaume Deletang retrace cette nuit du 8 mai. La voiture de Jean-Claude Libert est accidentée à l'avant. Un seul phare fonctionne. À un moment, il ne met pas son clignotant. Les policiers actionnent le gyrophare et le deux-tons. La Peugeot s'arrête. Les policiers veulent contrôler le conducteur. Il sent l'alcool. On le fait souffler dans l'éthylotest. L'appareil indique que le taux légal est dépassé. Il faut aller au commissariat pour faire une mesure précise avec un autre appareil. Alors que la policière avait un bras à l'intérieur de l'habitacle, montrant l'indication, Jean-Claude Libert a redémarré et l'a blessée (deux jours d'incapacité totale de travail) et a failli renverser un collègue. La première n'a dû son salut qu'à l'intervention d'un troisième policier qui l'a tirée en arrière. Quant à celui qui se trouvait devant la Peugeot, il lui a fallu se jeter sur le capot de la voiture de police pour ne pas être renversé. S'ensuit la course poursuite qu'on a dite.
« Vous êtes un poète »
Avant le contrôle, le chauffard était allé en boîte de nuit. Il avait bu « quatre vodkas », selon lui. Il n'avait pas ingéré que cela, selon trois jeunes femmes, dont deux sont mineures, qu'il a rencontrées dans la discothèque. Il leur a proposé de les raccompagner. Elles ont accepté. Pendant la fuite, elles le « supplient », explique le juge, de s'arrêter. Le magistrat ajoute : « Vous êtes aussi un poète à vos heures. Vous leur avez dit "ta gueule" ! » Le magistrat enfonce le clou : « Vous vous baladez avec des mineures que vous ne connaissez pas ! » Le chauffard finira par s'arrêter, voulant continuer son échappée à pied. Il sera arrêté au moment de franchir une haie. « J'ai pris peur », dit-il pour justifier sa fuite. Le ministère public, par la voix de Brice Partouche, rappelle que ce monsieur, huit mentions au casier judiciaire, a été condamné en juillet à six mois de prison pour des faits similaires. Il demande l'application de la loi anti-récidive, soit deux ans de prison ferme, l'annulation du permis et la confiscation de la voiture.
L'avocat du mis en cause, Me Alain Robert ironise : « C'est un dossier quasiment parfait pour les policiers de Lens. Ils vont trouver l'appui inattendu des jeunes femmes. Elles sont sorties de la voiture mortes de trouille. C'est facile de les amener à dire ce que l'on veut entendre d'elles. » Et l'avocat de conclure : « À aucun moment la vie des fonctionnaires de police n'a été menacée.
» Selon lui, si le chauffard a fait courir des risques aux autres automobilistes, c'est aussi la faute des policiers. « Il aurait été plus sage de le laisser rentrer chez lui et de l'interpeller à 6 heures du matin. » Malgré cette plaidoirie, le tribunal a suivi en tout point les demandes du ministère public. Jean-Claude Libert devra en outre verser 800 euros à un policier, 1 200 à sa collègue.
source : Nord Eclair (18 juin 2011)
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