Un policier blessé au genou et l'autre grièvement mordu : un homme en état de furie n'a pu être maîtrisé qu'au Taser
« Tsunami, tsunami, ça va être la fin du monde ! » hurlait-il vendredi soir, à sa fenêtre. Romuald, 41 ans, présenté hier au tribunal correctionnel en comparution immédiate, paraît avoir retrouvé son calme et ses esprits.
Comme l'a souligné l'un des deux policiers blessés, qu'assistait Me Pernet : « Vendredi soir, il montrait un visage complètement opposé, il était complètement fou, il criait qu'il allait tuer tout le monde. »
Vers 21 h, la police a été avertie que, boulevard Jules-Guesde, un « forcené était retranché chez lui, menaçant de mettre fin à ses jours », expose le président Gérard Launoy. À l'arrivée des policiers et des pompiers, il jetait des objets par la fenêtre et vociférait : « Tsunami, tsunami… » Romuald n'acceptait l'idée de se rendre qu'à la condition d'obtenir un entretien « Ben Laden, Sarkozy ou Obama. »
Finalement, les policiers ont défoncé la porte. « Vous avez bousculé les meubles pour entraver l'avancée des policiers », rappelle le président au prévenu qui n'a pu être neutralisé vers 22 h qu'avec un Taser.
« Perte de matière »
Juste avant, alors qu'un des policiers, pourtant équipé d'un gilet pare-balles, tentait de le calmer en lui maintenant la tête, Romuald l'aurait férocement mordu à l'aisselle, au point d'arracher un morceau de chair : « Il y a perte de substance », précise le certificat médical qui fixe l'ITT (incapacité temporaire totale) à 7 jours. Le prévenu est aussi poursuivi pour avoir, dans sa rage, blessé au genou, un autre policier, en arrêt de travail jusqu'au 10 janvier.
Il n'a pas été jugé hier. Frédéric Ebel, vice-procureur a requis un délai, demandant à ce que Romuald bénéficie d'une expertise psychiatrique.
En effet, depuis mai, la police en est à sa septième intervention face à ses agitations. Romuald a mis son comportement sur le compte de la colère provoquée par une dispute avec une de ses ex-compagnes. « Je ne me suis pas rendu parce que je ne voulais pas retourner à l'hôpital psychiatrique où j'ai déjà fait deux séjours. Quant à la morsure, c'était juste pour me défendre et je n'ai jamais donné de coup de pied à personne », affirme-t-il.
Une précédente expertise avait conclu à « l'absence de pathologie mentale » de Romuald qui « donne l'impression d'une fragilité psychoaffective en voie de décompensation ».
En tout cas, le prévenu estime ne pas avoir de besoin de traitement médical et explique que c'est justement pour cette raison qu'il a récemment arrêté brutalement de prendre ses antidépresseurs…
« Mon problème, c'est d'être chômeur, je passe mes journées à ne rien faire et je ne supporte pas ça », confie cet homme, titulaire d'un bac électromécanique obtenu dans son Cameroun natal qu'il a quitté pour arriver à Troyes, en 2003.
Le tribunal a renvoyé l'examen de l'affaire au 1er février.
Contrairement à ce qu'avait demandé le représentant du ministère public, il n'a pas prononcé de maintien en détention. Il a donné raison à l'avocat de la défense, Me Benjamin Madelenat, qui avait plaidé pour une remise en liberté sous contrôle judiciaire : « Vous devrez pointer deux fois par semaine au commissariat », a conclu le président.
source : L'Est Eclair (27 décembre 2011)
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