À la barre du tribunal, Mehdi et Badr Edine Benboularas se confondent en excuses. Ils pleurent et multiplient les élans d'affection. L'un jurant à l'autre d'être désolé. Hier, les frères comparaissaient selon la procédure de comparution immédiate pour des violences commises contre des fonctionnaires de police.
Les faits remontent à la nuit de vendredi à samedi, à Troyes, lorsqu'une bagarre éclate entre les frères Benboularas et deux individus. À l'arrivée des policiers, Mehdi et Badr Edine se décrivent victimes. Les forces de l'ordre se lancent donc à la poursuite de ceux qui, en fait, viennent d'être agressés. C'est à ce moment que l'aîné des deux frères, Mehdi, frappe l'un des fonctionnaires d'un coup de ceinturon au visage.
Badr Edine vient alors à la rescousse et frappe sans retenue. Des coups et des insultes qui fusent jusqu'à l'arrivée des deux hommes au commissariat. « Là, alors qu'un fonctionnaire tente de retenir votre frère qui vacille, vous lui lancez un coup de pied », résume la présidente.
Mais de tout ça, les frères n'expliqueront rien. « Je ne nie aucun des faits qui me sont reprochés, mais je n'ai aucun souvenir. J'essaye de fouiller dans ma mémoire. En vain », lance Medhi entre deux sanglots. Même écho pour Badr Edine. « Les insultes, je me souviens vaguement. Mais pour le reste, impossible de vous dire. » Ces troubles de mémoire, l'un comme l'autre les attribuent à l'alcool, avalé sans modération. « Tout est de ma faute. Dès que ça ne va pas, je bois.»
« Que va-t-on faire de ces jeunes gens ? »
Des regrets qui ne vont pas atténuer les réquisitions du ministère public. « Ils regrettent. Et puis après ? » Vincent Jacquey rappelle les multiples condamnations de Medhi dont la plupart concernent des faits de violence. « Ce n'est pas à la police de supporter les conséquences des excès de Mehdi Benboularas. »
Trois ans dont deux assortis d'un sursis et d'une mise à l'épreuve de deux ans seront les réquisitions pour le frère aîné.
Le cas Badr Edine sera décrit comme plus « simple » par le procureur. Le plus jeune est aussi celui qui suit, qui défend sans réfléchir. Quoi qu'il en soit, « les fonctionnaires de police doivent être respectés dans l'exercice de leurs fonctions. » Une peine de douze mois dont six assortis d'une mise à l'épreuve de deux ans « devrait lui permettre de réfléchir à ses actes. »
Pour la défense des frères, Me Sottas évoque des situations familiales difficiles et tendues. « Que va-t-on faire de ces jeunes gens ? », s'interroge-t-il. « Il faut les aider à lutter contre leurs vices, leur imposer des directives et des mesures qui leur permettront de retrouver le droit chemin. »
Mehdi a été condamné à la peine requise. Son jeune frère échappe à l'incarcération. Il écope d'une peine de douze mois dont neuf assortis d'un sursis et d'une mise à l'épreuve de deux ans. Le tribunal n'a pas ordonné de mandat de dépôt.
source : L'Est Eclair (28 septembre 2010)
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