Tribunal correctionnel. Deux frères présentés en comparution immédiate hier.
La soirée est déjà bien avancée, ce mardi, lorsque les policiers, lors d'une patrouille aux Costes-Rouges, repèrent deux hommes qui semblent s'intéresser de près à l'habitacle d'une voiture. Ils décident de procéder à un contrôle d'identité mais ces derniers ne sont pas disposés à montrer leurs papiers. Le premier pousse alors un policier, puis s'ensuivent des échanges de coups - une gifle et un coup de poing sur un policier - d'injures et de menaces. Les fonctionnaires devront se munir de flashballs et de tonfas - un coup sera asséné sur le crâne du deuxième homme, les traces de sang sur son pull blanc en témoignent - pour maîtriser les deux forcenés. Ils sont finalement interpellés à 0 h 45, rue des Fauvettes.
Les deux frères, âgés de 30 et 31 ans et originaires des Philippines, étaient présentés, hier, en comparution immédiate, au tribunal de Rodez. Ils reconnaissent les faits : « L'alcool nous a mis hors de nous », explique Frédéric, dont l'expertise médicale montre des troubles liés à l'alcoolisme. « Les policiers n'ont pas voulu qu'on aille chercher nos papiers chez nous et ils ont fait preuve d'une très grande autorité », poursuit son frère Paul. Pour les trois policiers partie civile, Me Boulet demande respectivement 700, 500 et 400 € de dommages et intérêts.
« Ce sont des actes de violence caractérisée. L'expertise médicale montre que ces deux hommes ne souffrent pas de troubles psychologiques mais d'altération due à l'alcool. C'est une circonstance aggravante », appuie le substitut du procureur qui requiert une peine qui ne soit pas inférieure à 24 mois pour Paul, auteur du coup de poing, et pas inférieure à dix-huit mois pour Frédéric, avec mandat de dépôt à l'audience.
Me Lemercier, avocate de Frédéric, plaide : « Je ne conteste pas la gravité des actes mais la peine requise est excessive. Il y avait altération de la lucidité au moment de ses actes ». Brossant la personnalité de son client, adopté à l'âge de 10 ans, victime d'une dépression en 1998 pour laquelle il a été interné, elle poursuit : « Il faut plutôt lui tendre la main en lui infligeant une peine courte avec injonction de soins ».
Pour Me Taussat, qui défend Paul, « il n'y a pas d'arme, pas d'interdiction temporaire de travail, pas de but d'en découdre. Ils ont besoin de soins puisque même leur mère les dit schizophrène pour l'un, suicidaire pour l'autre. Le ministère public veut faire un exemple mais ce ne sont pas les bons prévenus. Il faut une alternative à l'emprisonnement et une obligation de soins ».
Le tribunal les déclare coupables et condamne les deux frères à quinze mois de prison, dont sept avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans. Ils devront verser respectivement 400 et deux fois 300 € aux victimes.
source : La Dépêche du Midi (18 septembre 2008)
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