Laurent Bouteraa est sorti de prison en octobre dernier. Il y est retourné hier après-midi au terme d'une audience tendue au cours de laquelle il n'a pas livré la meilleure image de lui.
Laurent Bouteraa est un taiseux. Il répond sèchement aux questions que la présidente du tribunal lui pose et avec encore moins de tact à celles de l'avocate des policiers. Il dit « les flics » pour parler d'eux et ne se cache pas pour l'affirmer : « Je ne les aime pas ». Il aggrave un peu plus son cas en déclarant : « Si ça n'avait pas été des policiers, je n'aurais pas tiré ». Tout juste arrive-t-on à lui arracher des excuses mais personne n'y croit vraiment. Le soir des faits, il avait, comme tous les jours depuis sa sortie - c'est lui qui le dit - bu une bouteille d'alcool anisé, deux bouteilles de mousseux et cinq autres bouteilles de bière. Mais l'alcool n'est pas la seule passion de ce Calaisien qui a déjà passé la moitié de sa vie en prison. Il aime aussi les armes. Celle qu'il a utilisée pour tirer sur les policiers venus l'interpeller est un pistolet automatique 9 mm, avec des balles à blanc. Mais ça, les policiers ne le savent pas quand ils interviennent vendredi soir à la demande des voisins qui ont entendu un coup de feu dans la rue. Un seul d'entre eux, sur les quatre qui se sont constitué partie civile, s'est présenté à l'audience. « Cette situation était risquée pour nous, mais elle l'était aussi pour lui, la légitime défense ça existe... », explique le policier qui était directement visé par le tir. « Il avait un comportement très agressif, on sentait bien qu'il avait une haine contre nous », poursuit-il.
Même si les faits n'ont donné lieu à aucun jour d'ITT pour les fonctionnaires de police, ils restent difficiles à défendre par l'avocate du prévenu. « Il a passé près de la moitié de sa vie en prison », plaide-t-elle en rappelant qu'il n'a jamais réellement bénéficié d'un soutien pour l'aider à sortir de l'alcoolisme. Son appel à une peine moins lourde que celle demandée par le procureur, en l'occurrence trois ans de prison dont six mois avec sursis, ne sera pas entendu. Sans surprise, les juges ont suivi les réquisitions du parquet. Ils ont aussi obligé le Calaisien à se soigner, à indemniser ses victimes et lui ont interdit tout port d'arme. Laurent Bouteraa devra aussi payer 500 E au policier présent à l'audience (il en réclamait 1 000) et 50 E à chacun des quatre fonctionnaires de police dans le cadre des indemnités de procédure.
source : la Voix du Nord (15 février 2011)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire