«Il faut que la France entière se mobilise», a lancé jeudi Philippe Brinsolaro, le frère jumeau de Franck Brinsolaro, l'un des deux policiers tués mercredi à Paris dans la fusillade à Charlie Hebdo. «On ne peut pas comme ça porter atteinte à la liberté d'expression, porter atteinte à l'autorité de l'État. Des fois, on a la sensation que la police est mal comprise par les citoyens mais il ne faut pas oublier que le geste d'hier témoigne que, quoi qu'il en soit, un policier, en toute occasion, saura s'interposer lorsqu'il faudra qu'il protège la nation», a-t-il ajouté, en marge d'une cérémonie en hommage aux victimes organisée à Marseille. Philippe Brinsolaro est lui-même policier à la direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône.
Franck Brinsolaro, 48 ans, était domicilié près de Bernay, à Verneusses (Eure). Ce brigadier était au côté de Charb, le dessinateur dont il assurait la protection depuis plusieurs années, quand le commando armé lui a tiré dessus en premier. «Il n'a rien pu faire», selon l'un de ses collègues. Il était affecté à l'ex-service des hautes personnalités, appelé service de la protection (SDLP) depuis 2013. Originaire de Marseille, Franck Brinsolaro venait de se marier à Ingrid, une journaliste, rédactrice en chef de L'Éveil normand, un hebdomadaire local, à Bernay. La jeune femme avait déjà un enfant de son côté, un garçon de 8 ans. Le couple avait eu ensemble une fillette, âgée d'un an. Une assistance psychologique a été mise en place pour accompagner la famille de la victime.
«Tu veux nous tuer?»
La dernière victime des terroristes était Ahmed Merabet, 41 ans, un gardien de la paix, affecté au commissariat central du XIe arrondissement. Il avait huit ans d'ancienneté dans la police. Après avoir tiré en direction des tueurs, il a été grièvement blessé par balle en retour. La scène s'est déroulée boulevard Richard-Lenoir, à quelques pas de Charlie Hebdo, alors qu'il patrouillait en compagnie d'une collègue. Toujours conscient, il s'est écroulé sur le trottoir. Puis il a été achevé froidement dans la tête par l'un des hommes du commando. Une vidéo postée par un riverain sur Facebook, puis enlevée par décence, a fait le tour du monde. On voit les terroristes courir vers le policier à terre en criant: «Tu veux nous tuer?». Le policier répond: «Non. C'est bon, chef» tout en levant la main en guise de supplication. En vain. Il est exécuté à bout portant dans la tête.
La famille de ce représentant du personnel appartenant au syndicat Unité SGP Police était originaire de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) dont il avait fréquenté le lycée public André-Boulloche. L'homme, de confession musulmane, venait de réussir la qualification d'officier de police judiciaire. Sa famille souhaite l'enterrer au cimetière de Bobigny. Selon le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police, Rocco Contento, «c'était quelqu'un de très discret, de consciencieux. Nous sommes tous extrêmement choqués». «Les policiers sont profondément marqués par la vidéo de l'assassinat de leur collègue qui circule sur certains réseaux», a indiqué le syndicat dont le secrétaire général adjoint, Nicolas Comte, a indiqué qu'Ahmed Merabet avait été «abattu comme un chien».
source : Le Figaro (08 janvier 2015)